Après une nuit bien stressante, on se lève vers 7h30. Les habitants sont déjà en train de reconstruire certains murs qui se sont écroulés la veille.
Alors qu’on pensait se mettre en marche assez vite, le guide veut absolument qu’on attende l’ouverture de la poste à 10h pour qu’on puisse poster nos cartes postales! Je trouve cette idée à la fois touchante et surréaliste, car compte tenu des circonstances, pour moi la priorité est plutôt de rejoindre Lukla au plus vite. On se met finalement en marche vers 9h45, sans vraiment comprendre le plan pour la journée. Est-ce qu’on prévoit de rejoindre directement Lukla ? Le guide semble vouloir absolument faire une étape supplémentaire…
On marche toute la matinée, et on constate sur le chemin beaucoup de dégâts. Presque tous les lodges et habitations se sont en partie écroulés. Il y aussi de nombreux éboulement et glissements de terrain. On a l’impression que cette partie de la vallée a été plus touchée que juste au-dessus. C’est vraiment impressionnant.
On s’arrête pour déjeuner à Monjo. On s’installe à l’intérieur d’un petit restaurant, tout près de la porte d’entrée cette fois. Le déjeuner se déroule normalement, mais juste à la fin du repas, à nouveau la terre tremble très fortement. On se précipite tous dehors, il y a juste devant le resto un terrain bien dégagé sur lequel campent déjà plusieurs personnes dans des tentes. On voit beaucoup de cailloux débarouler du haut des montagnes, et on a vraiment peur de s’en prendre un. La montagne en face de nous fume de partout (à cause la poussière soulevée par les éboulements). La maison juste à côté ondule comme un rideau que l’on secoue. Tout le monde est encore paniqué, c’est vraiment une grosse réplique, on a l’impression que ça ne va jamais s’arrêter.
On décide de repartir assez vite, et on marche l’après-midi jusqu’à Phakding. Malheureusement, à Phakding, tous les lodges sont maintenant fermés, et les gens dorment dehors dans des tentes. On est donc contraints de continuer, et alors que je pensais qu’on marcherait directement jusqu’à Lukla, le guide refuse… on est tous un peu tendus, mais je me dis que ça sert à rien d’argumenter, il vaut mieux faire confiance au guide. On hésite quand même beaucoup sur le choix du lieu pour s’arrêter ce soir, et on finit par opter pour un petit restaurant, construit en bois, sans étage, et suffisamment éloigné du flan de la montagne pour que le risque de se prendre un rocher au milieu de la nuit soit faible. L’endroit semble fermé, mais le guide réussit à trouver le proprio dans le campement un peu plus loin, et il accepte de nous héberger.
Après avoir pris un apéro et mangé un bon dîner (en se disant que ça pourrait bien être le dernier), on est tous crevés. On se couche sur les banquettes du restaurant ou par terre, en gardant nos habits et nos chaussures pour être prêts à courir si ça secoue encore, et on se prépare à passer une nouvelle nuit de rescapés…